Sur le fil d’une narration intime, entre autodérision et égarement, ce journal filmé passe d’une subjectivité tâtonnante à l’éblouissement amoureux, à la faveur d’un glissement d’énonciation inattendu. Du chancèlement low-fi filmé en première personne à l’écriture lyrique, ce film court s’amuse en toile de fond du hasard porteur de vie, capable de faire muter une affaire de deuil en occasion de coup de foudre.
Il y a des moments dans une vie où tout paraît s’effondrer. Axel a 30 ans, il vient de finir une école de cinéma, est sans emploi, s’est séparé de sa copine, et sa grand-mère est décédée. Sa mère, légèrement inquiétée par la situation de son fils, décide de lui confier une mission : ramener l’urne funéraire de sa grand-mère en Suède, son pays natal. Un peu déboussolé, Axel débarque dans le pays de ses ancêtres avec pour seule compagnie sa caméra et les cendres d’Anna. Il entame ce que va devenir ce film, un objet qui sera tout sauf la chronique d’un périple sinistre, car en chemin, une rencontre va bouleverser la vie du jeune homme : Clara. Axel Víctor démontre ici que le hasard est l’allié de l’écriture cinématographique. On bascule du journal de deuil à la chronique amoureuse sans même s’en apercevoir, emportés par le doux mouvement du film, par sa caresse. L’utilisation de la parole, drôle et intelligente, d’un corps qui rappelle les gestes du cinéma burlesque, et une conception du cinéma qui se sert du plan comme d’un terrain de jeu, font de ce film un objet inclassable : une lettre d’amour pleine d’autodérision que l’on a tous rêvé d’écrire à la fin d’un été.
— Elena López Riera